À l’initiative des mairies, associations ou groupements de citoyens, la demande d’installation de jardins-forêts publics et communautaires explose partout en France. Parfois, le terrain de départ présente une pollution minérale (métaux lourds, éléments traces) ou carbonées (pesticides, hydrocarbures…). L’association Foret-gourmande travaille sur un projet expérimental de dépollution en Moselle en contribuant à la conversion de sols pollués en espaces potentiellement productifs voire nourriciers.
Un site industriel classé
De l’usine sidérurgique d’Uckrange fermée en 1991, ne reste que le haut fourneau U4 avec ses installations périphériques. L’association MECILOR (fondée par d’anciens salariés de l’usine) en collaboration avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Lorraine et la municipalité d’Uckange, ont obtenu le classement du site après de nombreuses années de procédure. Les grands axes de la reconversion du site sont multiples à la fois scientifiques, culturels, sociaux et touristiques, ils prônent une mixité de fonction et d’usage.
Impliquer les populations
L’objectif est d’impliquer les populations dans l’animation du site, en nouant des relations plus étroites avec les associations, notamment avec les jeunes et les scolaires. Sonia Henry, enseignante-chercheuse spécialisée en écologie microbienne à l’université de Lorraine ainsi qu’une équipe de chercheurs du CNRS, travaillent sur le développement de systèmes de dépollution des sols et sédiments à Uckrange.
Un suivi scientifique
Fabrice Desjours travaille sur la conception d’un jardin-forêt expérimental visant à répondre aux interrogations suivantes :
- Les modules jardins-forêts seront-ils plus efficaces que des herbes pour dépolluer ?
- Est-il possible de piloter ces parcelles vers une production alimentaire ? (Dépollution-séquestration de polluants limitée à des parties non alimentaires ?)
- Quel résultats sur la production de biomasse non-alimentaire et sur le retour de la biodiversité ?
- Comment penser et réaliser un projet transversal, à la fois scientifique et esthétique, artistique et collectif ?
L’agroforesterie paysanne pourrait être un des moyens de sécuriser la production alimentaire tout en ayant un impact positif sur la biosphère et les activités humaines. (Stockage de carbone, retour de la biodiversité, protection des sols, augmentation des rendements, production locale de nouveaux aliments…). Documenter, suivre, analyser, communiquer l’objet de ces recherches est l’axe directeur de ce projet prenant place dans un site classé, visité, vivant d’ores et déjà sa pleine métamorphose.