L’humain s’est longtemps demandé et a débattu sur ce qu’il pensait être l’origine de toutes nos pommes cultivées. Provenaient-elles de la domestication du pommier européen ? De celle d’espèces proches? Ou bien encore de l’hybridations entre différentes espèces de Malus ? Rien de tout cela…

En 1929, Nikolaï Vavilov, génial botaniste précurseur de la notion de biodiversité (dont on ne pourra que recommander les écrits), découvre les forêts de pommiers sauvages (Malus sieversii) de la province d’Almaty, dans le massif du Tian Shan (partagé entre le nord du Kirghizistan et le sud du Kazakhstan). Il émet alors déjà l’idée que ces forêts de pommiers pourraient être ce qu’il appelle le « centre de diversité » de la pomme.

En 2010, la description complète du génome de la pomme et la comparaison des gènes de toutes les espèces entre elles établit que les pommiers domestiques sont directement apparentés aux pommiers sauvages kazakhs, et effectivement distincts des espèces sauvages européennes comme des autres espèces. Malus sieversii, ancêtre de nos pommiers domestiqués donc, est un arbre sauvage originaire des montagnes d’Asie centrale, endémique du nord du massif du Tian Shan, les « Monts Célestes ». On le trouve entre 1 100 m et 1 600 m d’altitude sur toute la zone frontalière entre le sud du Kazakhstan d’une part et le nord de l’Ouzbékistan et du Kirghizistan où il forme des forêts de pommiers. Les barrières naturelles de ces régions montagneuses ont isolé l’espèce, favorisant ainsi une évolution intraspécifique et l’ours frugivore y a joué le rôle de partenaire évolutif pour la dispersion et la sélection de fruits.

Malus sieversii est un arbre caduque mesurant de 5 à 14 mètres de haut et jusqu’à 80 cm de diamètre, très ressemblant au pommier domestique. Les fruits de certains individus sont les plus gros de toutes les espèces de pommiers, ces pommes rivalisant en taille, en formes, couleurs et en saveur avec de nombreux cultivars modernes, tout en ayant coévolué et développé des défenses contre toutes les maladies si courantes dans nos vergers (tavelure, oïdium, feu bactérien….). Ces forêts ancestrales représentent un pool génétique fabuleux, c’est dire l’importance de les sauvegarder, d’autant qu’elles sont, évidemment, mises en grand danger de disparition, à cause notamment de l’urbanisation galopante de la ville d’Almaty.

Pour aller plus loin, le film de Catherine Peix, « A la découverte des forêts de pommiers sauvages du Kazakhstan, à l’origine de toutes nos pommes cultivées » est vivement conseillé ainsi que le site internet de l’association ALMA : http://originedelapomme.com/associationAlma.html